La nouvelle tendance des jeunes actifs : voyager pour courir
Courir aux quatre coins du monde : c’est le nouvel objectif des jeunes actifs. Il y a quelques années, seuls certains coureurs expérimentés s’essayaient au mythique marathon de New-York. Désormais, les courses à l’étranger attirent un public plus large, porté par une soif de liberté post-COVID. En 2022, la Fédération Française de l’Athlétisme indiquait que 12,4 millions de Français âgés de 18 à 85 ans pratiquaient le running et que 2,1 millions d’entre eux avaient débuté pendant la crise sanitaire.
Voyager pour courir : une tendance en plein essor
Maud Debs, co-fondatrice de Trail The World, agence de voyage spécialisée dans le Trail, observe : « La course s’est accentuée après la pandémie car les gens ont besoin de nature, d’extérieur et de liberté. Et la part des débutants a nettement augmenté. Avant, 90% de nos clients étaient des coureurs expérimentés. Aujourd’hui, c’est plutôt 70%. » Mohamed Ferchichi, fondateur de Planet Tours, agence dédiée aux marathons depuis 36 ans, confirme : «Tout le monde veut courir à l’étranger et les prochains grands marathons sont déjà complets. Pour New York, il y a une liste d’attente de deux ans ! »
Une passion partagée et vécue en famille ou entre amis
Les runners en profitent pour conjuguer sport et voyage. Marie, 29 ans, journaliste, se souvient de son marathon à Amsterdam : « J’ai découvert une partie de la ville que je n’aurais probablement jamais explorée sinon. Mon rêve serait de faire une course mythique comme Londres pour passer devant le palais de Buckingham. » Nicolas, 34 ans, commercial, a déjà effectué une vingtaine de courses à l’étranger. « J’adore découvrir une ville, sa culture et ses restaurants. J’aimerais voir des paysages incroyables comme en Écosse ou à Oman. »
Une pratique qui se partage
Une double passion qu’ils ne vivent pas seuls. Marie a couru aux Pays-Bas avec son compagnon, Nicolas en profite pour faire des week-ends entre amis et se lance dans une aventure de survie avec l’un d’entre eux. « On va faire le Marathon des Sables au Maroc en avril 2025. C’est une course avec de nombreux challenges : six jours en autosuffisance alimentaire, où il faut gérer la chaleur du désert et les tempêtes de sable ». Maryline Demangel, 36 ans, alias @healthylifemary sur les réseaux sociaux, voyage en famille. « En 2024, on a fait le semi de Barcelone avec mon mari. Mes parents sont venus pour garder les petits et on en profite pour faire du tourisme en famille. J’aime montrer à mes enfants qu’on peut voyager avec un objectif. »
Un sentiment d’appartenance à une communauté
Cette idée de mêler défi personnel et évasion collective séduit les coureurs de tous niveaux. Ils ont d’ailleurs le sentiment de faire partie d’une véritable communauté. Baptiste, 31 ans, avocat, se souvient de l’ambiance de sa course à Rome. « Tu te retrouves à courir avec les habitants de la ville et tu as un peu l’impression d’en faire partie à ce moment. Il y avait plein d’Italiens qui nous encourageaient, c’était une expérience exceptionnelle. » L’ambiance se prolonge même après la ligne d’arrivée. Maryline raconte : « À New York, le lendemain du marathon, ils ont la tradition du Medal Monday : si tu as ta médaille, tu as droit à des cadeaux et des réductions dans la ville. »
Un défi pas toujours accessible
Mais ces expériences demandent une certaine préparation physique et mentale, ainsi qu’une organisation logistique parfois complexe et onéreuse : trouver un hébergement, réserver des billets d’avion souvent plus chers en période de course, ajouter le prix du dossard et parfois, faire appel à une agence spécialisée… Le budget peut vite grimper – à partir de 2500 euros pour la Big Apple -, rendant ce type de voyage moins accessible. D’après la co-fondatrice de Trail The World, la majorité de sa clientèle est constituée de CSP+ âgés de 40 à 50 ans.
images : Un marathon à Louxor, en janvier 2025.
KHALED DESOUKI / AFP